Alors que nous passons de plus en plus de temps en intérieur plutôt qu’au grand air, on constate une augmentation inquiétante des allergies. Pas forcément donc seulement à cause de la pollution des villes ou de la lutte contre les allergies au pollens, mais aussi en raison des nombreux allergènes qui nous attendent dans nos espaces confinés. S’il n’est pas facile d’agir au bureau, on peut au moins tenter de s’en prémunir chez soi.
Auteur de nombreux guides pratiques et très impliqué dans les questions environnementales, Marcel Guedj vient de publier “Une maison saine et sans allergies”, un livre qui passe en revue les méchants allergènes qui nous traquent jusque dans notre lit et qui nous explique comment les chasser au mieux de ce qui se doit d’être notre nid douillet. En vérité, l’heure est grave, car comme le souligne le docteur Pierrick Hordé, allergologue et auteur de la préface de l’ouvrage, « aujourd’hui, en 2010, plus de 30 % de la population mondiale (et dans quelques années la moitié) souffrirait de ce fléau. » Et d’ajouter : « Pire, on ne sait pas toujours que l’on peut devenir allergique à tout âge ! » Reste que s’il est souvent possible de se soigner, notamment via la désensibilisation, il est préférable de se préserver des facteurs déclenchants , en commençant par oeuvrer chez soi.
A qui/quoi la faute ?
Les responsables domestiques sont, il faut le savoir, assez nombreux. Parmi eux, on notera l’isolation thermique, qui peut mener au confinement, en cas de ventilation insuffisante du logement ; l’humidité, qui entraîne la prolifération des moisissures et des acariens (bêtes aussi peu sympathiques qu’elles sont minuscules et qui aiment aussi beaucoup la poussière) ; les animaux domestiques (52 % des foyers en possèdent au moins un) ; l’utilisation de revêtements synthétiques et de produits chimiques pour l’aménagement et l’entretien de la maison… Ou encore, plus surprenant, les appareils qui produisent des rayonnements électromagnétiques, provoquant ainsi entre autres des manifestations cutanées allergiques.
Plan d’action de base
D’emblée, si vous emménagez, il vous faudra choisir quelques matériaux, pour effectuer vos (souvent) indispensables travaux de réfection. Côté peintures, privilégiez les produits naturels (estampillés NF, Ecolabel européen, Ecocert…), mais ne vous fiez pas forcément aux labels “peinture à l’eau”, “anti-bactérien”, “anti-moisissures”, etc. Vérifiez la liste des composants et adjuvants, en bannissant bien les COV (composés organiques volatils) comme le toluène, le formaldéhyde ou le lindane. Question sols, le bois massif et le linoléum sont de bonnes solutions, ce dernier étant même carrément anallergisant. Une fois installé, une chose est sûre, c’est qu’il va falloir souvent vous livrer à de tristes corvées ménagères. Aérer, beaucoup, notamment la salle de bains, aspirer au minimum deux fois par semaine (canapés compris) puisque chaque gramme de poussière peut contenir jusqu’à 15 000 acariens, mais de préférence avec un modèle équipé d’un filtre HEPA (haute efficacité pour les particules présentes dans l’air), et ne pas coller ses meubles au mur pour laisser passer l’air sont de vrais conseils de base.
Pour ce qui est des produits d’entretien, l’eau de Javel, irritante, doit être utilisée avec parcimonie. Les lessives, souvent parfumées, et les produits d’entretien classiques peuvent de leur côté provoquer allergies et irritations (d’où un vrai retour aux trucs de grands-mères, façon bicarbonate de soude et vinaigre blanc). En vrac, on proscrira encore la prolifération de petits objets de déco et de plantes, source d’humidité (certaines seulement, pourtant, puisque le ficus nous aiderait à nous débarrasser des polluants), on s’équipera d’un sommier à lattes, et si l’on choisira indifféremment une literie synthétique ou en plumes, on l’équipera de housses anti-acariens, mais sans traitement chimique. On limitera aussi l’utilisation de parfums d’ambiance et on gardera à distance les appareils électro-ménagers (micro-ondes, etc.), qu’on éteindra s’ils peuvent rester en veille après utilisation. Mille autres conseils existent ainsi, mais s’il faillait ne garder que trois commandements, ceux-là seraient les suivants : la poussière et les moisissures tu traqueras, les produits écolos et naturels tu privilégieras, et puis tu aéreras, aéreras. Parce que non, la menace ne vient pas toujours de l’extérieur…