Les Français aiment épargner, d’autant plus en période de crise. Depuis 2008, ils ont largement rempli livret A et autres placements. Mais si économiser est simple pour les ménages aisés, ça ne l’est pas autant pour des foyers plus modestes.

Entre les charges mensuelles, le paiement du loyer ou le remboursement d’un prêt immobilier, les factures, les frais de transport ou d’alimentation, et les petites dépenses du quotidien, il n’est pas toujours facile de mettre de l’argent de côté. Deux façons de faire coexistent : économiser dès le début du mois une certaine somme, quitte à se serrer la ceinture pour boucler son budget, ou bien épargner ce qui reste à la fin du mois, au risque de ne plus rien avoir à mettre de côté. Les ménages modestes en font l’expérience chaque mois ! Car c’est un reflexe presque atavique chez les Français : ils éprouvent le besoin d’épargner, en temps de crise encore plus qu’à l’accoutumée. L’Insee estime dans un rapport récemment publié que le taux d’épargne moyen s’établit en 2011 à 16.8% de leurs revenus, soit un taux d’épargne revenu à son plus haut niveau depuis 1983. Le livret A en profite largement, qui affiche en 2011 une progression de ses encours de 17,4 milliards d’euros.

La tradition paysanne française et un recours au crédit à la consommation moindre que dans certains pays européens expliquent sans doute que les Français économisent davantage que leurs voisins européens, dont le taux d’épargne se situait en 2010 à 12%. Néanmoins, il faut nuancer le propos, car tous les Français ne disposent évidemment pas de la même capacité à épargner : on estimait en 2003 que les 20% de ménages les plus aisés, qui épargnait environ 1/3 de leurs revenus, représentaient les ¾ de l’épargne totale. Ce qui signifie qu’à l’inverse parmi les ménages les plus pauvres, certains ont un taux d’épargne négatif et dépensent plus qu’ils ne gagnent.