Les entreprises ne leur ouvrent pas toujours la voie royale, ils rentrent par la petite porte. Les travailleurs handicapés utilisent de plus en plus l’intérim pour se faire un nom dans l’entreprise. Et ça marche.

Les intérimaires handicapés moins touchés que les autres par la crise économique. En effet, tous les grands réseaux d’intérim confirment que le nombre d’heures de mission pour les intérimaires handicapés a moins baissé durant la crise que pour les autres. 40% d’heures en moins pour les intérimaires valides chez Adia contre « seulement moins 20 % » pour les intérimaires handicapés. Chez Manpower, 4200 travailleurs handicapés (TH) ont décroché un job depuis le début de l’année et ont effectué plus de 1,6 millions d’heures de mission. La part des TH dans les effectifs intérimaires atteint désormais 1,36% contre 0,85% en 2007. Pourquoi une telle « résistance » ? D’abord les entreprises ont été contraintes de se bouger. En effet, faute d’actions en faveur de l’emploi des personnes handicapées (PH), elles devaient passer à la caisse. L’addition promettait d’être lourde : payer un smic annuel par PH manquant à leur ef fectif. Recruter des TH en intérim leur a permis de satisfaire, en partie, leur obligation d’emploi. Deuxième explication : l’implication des entreprises d’intérim sur le sujet. Manpower vient par exemple de créer Agence Manpower Insertion Handicap. Chez Adecco, la structure parisienne a été baptisée espace emploi Handicap et Compétences. L’objectif de ces dispositifs est de piloter et d’animer la politique handicap des entreprises de travail temporaire. Et ce, en apportant un soutien aux référents handicap des agences d’intérim mais également en s’impliquant concrètement dans le reclassement d’intérimaires devenus handicapés en cours de mission. Alors est-il plus judicieux de débuter sa carrière en intérim quand on est en situation de handicap ? Une chose est sûre, l’intérim est, pour les personnes handicapées, THE passerelle la plus rapide pour trouver du boulot. Selon une étude menée par le cabinet ASDO pour le compte de l’Agefiph (juil. 2010), 74% des PH considèrent que leur passage par le travail temporaire a été bénéfique pour leur vie professionnelle. Cette satisfaction trouve plusieurs explications. La première est d’ordre financier puisque l’intérim permet d’obtenir rapidement un revenu. Plus de 86 % des personnes interrogées estiment que l’intérim leur permet de garder le moral. Mais surtout, l’intérim constitue pour elles l’opportunité d’accumuler de nouvelles expériences (73 %), d’apprendre à s’adapter rapidement à de nouveaux environnements de travail et d’acquérir de nouvelles compétences. Au final, l’intérim semble être un moyen efficace de décrocher un boulot stable. Un an après leur mission de travail temporaire, un tiers des intérimaires handicapés interrogés occupe un emploi durable (CDI ou CDD plus de 6 mois). Parmi eux, 37 % bossent au sein de l’entreprise dans laquelle ils avaient effectué leur mission d’intérim. En fait, même s’ils n’osent pas l’avouer, le travail temporaire est aussi un moyen pour les employeurs de tester les candidats handicapés avant de les recruter. Une période d’essai qui ne dit pas son nom mais qui semble porter ses fruits.