Davantage d’entreprises mobilisées mais toujours autant de personnes handicapées au chômage. Décryptage à l’occasion de la 14e semaine de l’emploi en faveur des personnes en situation de handicap.

Le sixième anniversaire de la loi handicap en février prochain serat- il un bon cru ? En en croire les derniers chiffres sur l’emploi des personnes handicapées (PH) publiés par le Ministère du travail, les choses progressent mais doucement. Très doucement. Dans le secteur privé, le taux d’emploi des PH s’élevait à 2,6 % à fin 2008 contre 2,4 % un an avant. Du mieux donc, mais on est toujours très loin des 6 % de travailleurs handicapés fixés par la loi. Concrètement, cela porte à 284 000 PH employées dans les établissements de 20 salariés et plus assujettis à la loi. Soit une hausse de 8% en un an… alors que sur la même période, l’emploi salarié global (donc des personnes valides) n’a progressé que de 0,9%. De quoi se réjouir ? Pas complètement. Certes, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’emparer du sujet. Ainsi, selon l’étude de la DARES d’octobre 2010, près de la moitié des 129 100 établissements assujettis à l’obligation d’emploi des PH comptent au moins 6% de travailleurs handicapés. Voilà pour les très bons élèves. Viennent ensuite les 8% d’employeurs ayant signé un accord agréé en faveur de l’insertion professionnelle des PH. Ceuxlà n’ont pas nécessairement atteint le seuil des 6% mais ils se sont fixés des objectifs de recrutement, de maintien dans l’emploi et de sensibilisation sur le thème de l’emploi des PH. Attention, tous les accords ne se valent pas. Certains prennent de réels engagements, d’autres sont davantage des accords a minima visant simplement à se mettre en conformité avec la loi qui imposait une obligation de négocier. On entre ensuite dans la catégorie des mauvais élèves. Soit les établissements (24%) affichant un taux d’emploi inférieur à 6 %. Et pire encore, les 18 % d’établissements de 20 salariés à « quota zéro ». Autrement dit, fin 2008, plus de 23 000 entreprises n’avaient engagé aucune action en faveur de l’emploi des PH au cours des trois dernières années. Ces chiffres sont aujourd’hui tempérés par l’Agefiph. Selon l’organisme en charge de la collecte de la contribution des employeurs ne respectant pas la loi, en janvier 2010, il ne restait plus que « quelques centaines » d’entreprises à quota zéro. Toutefois, pas question de s’emballer en affirmant que l’emploi des PH est une affaire réglée. Le taux de chômage des PH atteint toujours 19 % soit plus du double que celui des valides. Au total, Pôle Emploi dénombre près de 258 000 demandeurs d’emploi handicapés. Et ce chiffre est en constante augmentation. Car paradoxalement, c’est en période de reprise économique (et pas en pleine crise) que les entreprises font le moins appel aux compétences des PH. Pourquoi ? Les employeurs recherchent avant tout des candidats immédiatement opérationnels donc formés. Or on sait que les PH souffrent d’un déficit chronique de formation. Un chiffre, un seul : près de 80 % des demandeurs d’emploi handicapés n’ont pas le niveau bac. Et d’année en année, cette donnée est stable. Pour que l’emploi des PH s’améliore significativement, il faudrait d’abord prendre le problème à la source, soit dès l’école.