Fils du plus célèbre commandant de France, Jean-Michel Cousteau a hérité d’une mission consistant à protéger les océans, et donc nous-mêmes ! Dans ce cadre, il est le parrain du film “Voyage sous les mers 3D”, une plongée virtuelle qui sort aujourd’hui en DVD.
Pourquoi avez-vous accepté de parrainer ce film ? Jean-Michel Cousteau : Parce que c’est une expérience qui permet au public d’accéder à un monde qui est étranger à la plus grande partie de l’espèce humaine, mais dont notre qualité de vie dépend complètement. Il est inutile de bombarder les spectateurs de messages écologiques, il suffit de leur montrer comment ça fonctionne. Même pour moi qui plonge depuis l’âge de sept ans, de pouvoir en 82 minutes faire un tour des océans, c’est extraordinaire ! Pourquoi dites-vous, en parlant du film, que « Protéger les océans, c’est se protéger soi-même » ? C’est notre mission. Les océans sont notre source de vie. Chaque fois que vous buvez de l’eau, vous buvez l’océan. Tout est lié. Il n’y a qu’un système. A p a r t i r du moment où l ’ o n comprendra ça, on gérera beaucoup mieux la planète. Vous dirigez l’association Ocean Futures Society. En quoi consiste votre combat quotidien ? Notre combat quotidien, c’est d’abord l’éducation à travers plusieurs programmes et des films de cinéma pour la télévision et internet. Ensuite, il y a ce que j’appelle la diplomatie : je dialogue avec les décideurs dans les gouvernements ou l e s i n d u s t r i e s , de manière à ce qu’ils prennent de meilleures décisions. Quels sont les plus grands dangers pour l’océan ? Le fait que l’on continue à utiliser la mer comme une poubelle universelle. Nous sommes très sensibles à ce qu’on voit, mais ce qui est encore plus dangereux, c’est ce qu’on ne voit pas. Les produits chimiques et les métaux lourds, c’est un problème dramatique qui a un effet sur les animaux marins, mais aussi sur nous. Soit parce qu’on respire ces produits, soit parce qu’on les retrouve dans nos assiettes. L’autre problème, c’est qu’on est en train de démolir les zones côtières, qui sont précisément les endroits où les animaux et les plantes se reproduisent. Et enfin, parmi les menaces, il y a la surpêche. Que pensez-vous alors des solutions comme l’élevage de poissons ? En ce moment, on est en train de construire des fermes de salmoniculture. Ce qui est une absurdité complète, car le saumon est un carnivore, et pour obtenir un kilo de saumon, vous avez besoin de 2,2 kilos de poissons sauvages ! On accélère donc la disparition des espèces dans les océans pour faire du saumon. En plus, on met dans votre assiette un poisson bourré de produits chimiques, de vitamines, d’antibiotiques, et parfois de colorants pour que la chair ait l’air belle. On est complètement malade. La solution serait de faire pousser sur terre des algues et d’élever des poissons herbivores. Vous pensez qu’on peut encore sauver la planète ? Oui, tout n’est pas perdu. Il y a des solutions. On a fait beaucoup d’erreurs, mais on est en train de se réveiller, de recevoir les coups de pied aux fesses qu’on aurait dû recevoir depuis longtemps. Mon père prêchait dans le désert, mais il a semé des graines qui ont poussé.
Comment responsabiliser les pays en voie de développement en matière d’écologie ? Les pays en voie de développement sont beaucoup moins responsables que les pays développés. Quand vous pensez que les Etats-Unis consomment 25 % de l’énergie mondiale alors qu’ils représentent 5 % de sa population, le problème démarre là. Quand on accuse la Chine, qui représente 20 % de la population de la planète, d’émettre autant de CO2 que les Américains, je suis désolé, mais elle pollue quatre fois moins, alors qu’on lui fait tout produire à moindre coût car les règles environnementales y sont moins strictes. C’est hypocrite. Le problème doit être envisagé de manière globale, car on parle de la planète, il n’y a pas de frontières. Les baleines et les oiseaux n’ont pas de passeport. Pour terminer, quelle est votre plus belle plongée ? La prochaine. Toujours !