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Cannes 2010

Qu’importe les tempêtes, les volcans, les marées noires et la crise financière : quelques bons films, un tapis rouge, et Cannes repart ! Voici l’essentiel de ce 63e Festival.

Cette année plus que jamais, le Festival de Cannes a décidé de s’arrêter, le temps de quelques films, pour regarder le monde qui nous entoure, et qui ne tourne pas toujours très rond. Des favelas de Rio vues par cinq cinéastes différents dans 5 x favela por nos mesmos à la crise des subprimes avec Inside Job, en passant par l’influence du virtuel sur la jeunesse avec L’Autre Monde où Louise Bourgoin (encore elle), en adepte de jeux vidéo, entraîne un adolescent dans son suicide programmé, les maux de notre société seront épinglés sur l’écran. Avec peut-être l’espoir de leur trouver quelques remèdes, mais surtout avec la volonté de témoigner de la richesse du cinéma, comme le souligne Thierry Frémaux, le sélectionneur du festival : « C’est toujours une bonne nouvelle de savoir que dans tous les pays le cinéma reste vivant, que des longs-métrages sortent et viennent jusqu’à nous, et que le cinéma mondial ne se résume pas à un dialogue Europe-Amérique, mais continue d’être un art planétaire. »

Robin sort du bois

Mais en plus de son ouverture à 360° sur le monde et ses cinéastes, Cannes ne serait pas Cannes sans ce mélange de sérieux et de glamour appliqué depuis des années. Une recette dont la composition du jury est la parfaite illustration. Ainsi, derrière le populaire Tim Burton qui le présidera cette année, on trouve du sérieux avec l’écrivain Emmanuel Carrère, du lyrique avec le compositeur réputé Alexandre Desplat (Un prophète), mais aussi bien évidemment du glamour susceptible de faire crépiter tous les flashes à chaque montée des marches, avec les actrices Giovanna Mezzogiorno (Juste un baiser) et Kate Beckinsale (Underworld), ou le charismatique acteur Benicio Del Toro. Une propension au glamour et au populaire qui se retrouve dans le choix stratégique du traditionnel film d’ouverture, puisque cette année Robin des bois, à savoir Russell Crowe en personne, sortira de sa forêt pour affronter cette jungle urbaine qu’est la Croisette, dont la sauvagerie n’a rien à envier aux bois de Sherwood. Pour la clôture, place à la douceur avec Charlotte Gainsbourg en héroïne de The Tree de Julie Bertuccelli. Mais pour faire encore plus chic tout en gardant cette aura choc capable d’agiter tous les “clic-clac” des photographes, rien de tel que le choix en compétition de Fair Game de Doug Liman, avec Sean Penn et Naomi Watts, ou l’histoire (vraie) d’un ex-ambassadeur et de sa femme agent de la CIA en lutte contre l’administration Bush et ses soi-disant armes de destruction massive. Autre film intello-glam, Biutiful d’Alejandro González Iñárritu (21 grammes, Babel ), avec le non moins biutiful Javier Bardem dans le rôle d’un père en marge de la société. Et du côté des surprises destinées à allécher la Croisette, on se régale déjà de découvrir hors compétition Wall Street-L’arlivre gent ne dort jamais, la suite de Wall Street d’Oliver Stone, avec toujours Michael Douglas dans le rôle de Gordon Gekko, et Shia LaBoeuf dans celui du jeune loup aux dents longues. Un retour prometteur du Machiavel de la bourse qui, depuis sa prison, continue ses malversations. Mais lorsqu’on voit comment le personnage a inspiré certains de nos experts financiers, il y a de quoi avoir peur pour de vrai…

Et la France dans tout ça ?

Pays organisateur oblige, la France se taille la part du lion avec pas moins de trois films en compétition, dont Des hommes et des dieux dans lequel Xavier Beauvois raconte le terrible massacre des moines de Tibhirine, en Algérie en 1996. Ambiance moins dramatique dans Tournée de et avec Mathieu Amalric, qui narre ici les exploits d’une troupe de strip-teaseuses “burlesques” et de leur tourneur. Enfin, une belle surprise et un cinéaste de poids : Bertrand Tavernier, dont c’est le grand retour après son prix de la mise en scène en 1984 pour Un dimanche à la campagne. Il présentera La Princesse de Montpensier, adaptation du roman de Madame de Lafayette. Et puis, autre surprise, mais hors compétition celle-là, le biopic sur Carlos ! Pas le récit de la vie du chanteur de Papayou, mais de celle du terroriste homonyme, dont Olivier Assayas vient de tirer une minisérie de 5 h 30 pour Canal+ et pour la Croisette. Mais Cannes ne serait pas Cannes sans ses “abonnés”, ces cinéastes, qui avant de nous faire prendre un ticket de ciné pour leur film, reçoivent régulièrement leur propre ticket pour le présenter à Cannes. C’est le cas de l’éternel Woody Allen qui viendra montrer You Will Meet a Tall Dark Stranger, ou les problèmes de coeur d’une famille londonienne, avec Naomi Watts et Anthony Hopkins. Mais toujours hors compétition, alors qu’il est rare qu’un cinéaste se permette le luxe de refuser systématiquement de concourir. Abbas Kiarostami, lui, a accepté, et revient, après sa Palme d’or en 1997 pour Le Goût de la cerise, avec Copie conforme, une réflexion sur l’art et la copie. Dans le rôle principal, Juliette Binoche, qui prête aussi son image cette année à l’affiche du festival. Eternel abonné, mais dans la catégorie carte Vermeil cette fois, on trouve encore à Un certain regard le sémillant Manoel De Oliveira et son Etrange Affaire Angélica. Du haut de ses 101 ans et demi, le maître portugais prouve que les cinéastes, eux, n’ont pas à s’inquiéter de leur régime de retraite. Autre habitué au retour remarqué, le pape du Palais des festivals, Jean-Luc Godard en personne, toujours à la pointe du cinéma pointu avec son quasi expérimental Film socialisme. Tout aussi expérimental, mais plus imprononçable, Uncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul, le réalisateur thaïlandais de Tropical Malady, de retour avec une histoire de fantômes réincarnés en singes. D’ailleurs, c’est peut-être après l’avoir visionné que le réalisateur Hong Sangsoo (déjà deux fois sélectionné) a décidé de baptiser son film Ha ha ha. Malgré son ouverture sur le monde et ses recettes efficaces, le cru Cannes 2010, cépage mûri au soleil pâlichon d’un monde qui l’est tout autant, affiche moins de stars et de films phares que les années précédentes. Il aura sans doute bien besoin de la folie de son échevelé président Tim Burton pour donner un peu de couleur et de vie au palmarès cette année.

Festival international du film de Cannes, du 12 au 23 mai.
www.festival-cannes.fr.

Communiqué de presse de durand |Proposé le 15 mai 2010 |Commenter...

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